Histoire du personnage
Pourquoi ?
C'est la question que je lui ai posé.
Elle me répondit, que j'avais oublié. Oublié à quel point les choses sont importantes, que les choses importent. Qu'il fallait que je me souvienne. Je me suis souvenu. Je réalisais qu'il fallait que je respire. Il fallait que je vive.
Pourquoi ?
C'est la question qu'il me posa.
L'inspiration. Pour l'inspiration, lui ai-je répondu. Que j'aimerais être inspiré. Je voulais être inspiré, je voulais contempler. Alors nous descendîmes dans les profondeurs où il me dévoila son œuvre. De deux mains en parfaite synchronisation, deux bras en parfaite symétrie, un corps en parfaite harmonie. Il me montra les lignes, il déroula sous mes yeux le temps et l'espace. Des points. Des lignes. Des notes, des chants, des sons, des odeurs, des idées. Une inspiration. Alors appris-je à expirer. Un rythme lent, une mélodie douce. Je la contemplais, je me l'appropriais, et je la répétais.
Je l'avais déjà entendue, dans un grenier je crois, alors que devant mes yeux les lignes se défaisaient, se révélaient. Je ne comprenais pas, pas encore.
Il me montra quelque chose que je ne pensais jamais ressentir de nouveau, ou me l'avais-je montré moi même ? L'avais-je simplement oublié, m'en avais-je simplement souvenu ?
Nous avons un mot pour cela.
Naradjev.
Cette sensation, aussi, je la connaissais. Dans un champ ? Une forêt ? Entouré de pétales blanches, alors que le vent se tût, du sang, beaucoup de sang. Je me sentais léger, je volais, je dansais. Je l'étais.
Ce fut la première fois.
Naradjev.
Mais la douleur revint, le froid m'envahit, je me sentais si lourd, comme si le monde pesait sur mes épaules. Et tout importait de nouveau. Insouciant, je ne m'étais pas posé la question.
Pourquoi ?
Si je n'étais pas revenu ? Que lui serait-il arrivé ? Cette douleur, qui me ramena ? L'auraient-ils ressenti aussi ?
Douleur.
Beaucoup de douleur.
Elle me fait oublier. Chaque jour un peu plus. Des détails anodins. L'herbe. Les voix. Les plantes. Les sons. Le vent, le ciel, la forêt. Les visages, les idées, les noms. Chaque jour un petit peu plus flou. Chaque jour, un peu moins. Bristan me semble déjà si lointain. Elle ne fait déjà plus partie de moi, seul le nom est resté.
Un nom.
Le même nom. Ackatar. Qui me l'avait donné ? D'où vient-il ? Où sont leurs visages ? Où sont passés leurs noms ? Qui sont-ils ? De la colère. Beaucoup de colère. Baignée dans mon sang, perdue dans une tempête d'éclairs rouges. Elle, elle reste. Elle me suit, collant à ma peau.
J'inspire. J'expire. Elle est toujours là.
Pourquoi ?
J'ai changé tant de fois. J'ai trop changé, trop rapidement. Je me souviens d'un bain, je me souviens du feu. Je me souviens d'une voix, de deux yeux verts, toujours là. On me creusa une tombe, et je me mit à oublier. Était-ce vraiment moi ? Qu'on tira du trou ?
Cette colère était déjà là.
Elle vient d'avant.
Elle vient de demain.
De demain ?
Tout est embrumé. Être ici m'embrume. Je me perds. Je me retrouve. Mes sens me trompent. Ou trompè-je mes sens ?
Ils défont le monde, ils le reconstruisent. Ils déforment et reforment, chaque fois différemment. Chaque respiration est nouvelle, unique.
Elle a raison.
Il faut que je respire.
Présentation du joueur
Achèvements :
[18/10/2020, 23h20] : RP tombe
[21/02/2022] : Beau à tomber par terre