Un nouveau poison a été découvert et par moi en plus, ça s'appelle 'la chimère'. Étrangement mon corps adore ça, mais pas ma tête. Ils sont en désaccords et c'est pour ça que je suis venu dans l'Ordre, d'abord. Le gamin que j'étais savait pas où mettre les pieds, ça paraissait presque comme un cirque sans couleurs dans les couloirs de cette Académie et je m'intégrai bien au tableau avec mon blanc qui cachait à peine l'innocence de l'erreur que j'ai faite. C'était stupide, facile à dire maintenant que j'ai tourné au noir et à pire que le noir. Une fiole, une bestiole qui traîne dehors et la volonté de la vouloir pour moi. Ça, c'est les ingrédients pour merder dans la vie, quoique j'ai eu du bol et pas qu'un peu. Le contrôle, y'a que ça qui peut sauver ta peau quand on possède ta tête et ton corps, qu'il te reste plus rien à quoi te raccrocher que ton envie de crever l'abruti que t'étais avant, les regrets, ça c'est pire, ça se contrôle moins, il faut juste oublier. Sauf que j'oublie pas, j'en suis même pas désolé, je préfère être rancunier que prendre en pitié le premier venu, ça te garanti bien trop souvent un couteau dans le dos d'humilier un type à genoux. L'animal te prend la tête et c'est fini, tu deviens juste bête et nature d'un coup, à être mélangé avec l’œuvre, y'en a qui en rêve, moi c'est ma malédiction. Et tu sais quoi ? Je la protège, l’œuvre, parce que c'est juste une bénédiction de l'avoir à nos côtés, c'est puissant et géré par des puissants. Pour ça que je reste dans cet Ordre d'ailleurs, mais pas que. Y'a ma reine, ma louve, celle que mes instincts hurlent à sa vue et son odeur, n'importe quel sens peut tourner ma tête. Mais quand c'est avec elle, tout passe. Confiance absolue, presque absolue. Mon rang d'Alpha a tout changé, j'ai ce stupide but d'être au-dessus, d'avoir raison sur tout ce qui est fait et dit. C'est mes tripes qui parlent et plus bas, contrôlant plus haut. Bête que je suis, raisonné que je suis. J'arrive à mes fins parce que je le veux, c'est tout. En être fier ? Non, ça attire les foules et j'ai pas envie d'éradiquer mon entourage. Et ça c'est ma crainte, je suis pas un monstre, je suis juste pris entre les instincts et ma raison, je ne veux pas le mal, je veux seulement vivre en paix avec ma Louve et ceux qui me suivent. A moins que c'est encore la bête qui parle. Je sais même plus. Je dois juste assumer maintenant, tout et tout ce que je veux pas assumer. La fin du deuxième monde n'a rien amélioré, tout empiré. Ce savoir en une infinité de morceaux éparpillés, se reconstituant quelque part avec d'autres, livides. Et d'autres qui ne seront jamais reconstitués. Je vois mes parents dans les plantes que j'entretiens, je vois des sourires dans l'écorce de ces arbres, je ressens leurs sentiments et une certaine caresse dans les bras de l'Orme. Je sais pas si je vais avancer avec ces pensées là, mais c'est ce que je vois et je peux pas le contrôler. Ça doit être égoïste comme raison pour protéger l’œuvre en plus des autres raisons, mais tant pis, y'a une part de nous dans son ventre aussi. Et ça aide à sécher les larmes qui n'existent pas, je suis trop fier pour les laisser couler et les autres ont pas besoin de ça. Je ne suis pas quelqu'un à prendre en pitié, je me sens fort et c'est tout ce qui compte pour survivre en tant que remortel. Je me relèverai à chaque fois, main tendue ou non. Gardez votre compassion, mais ne me haïssez pas, car je ne veux rien de mal.

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