Le soleil arrivait sur mon visage auburn et mes lèvres rosées. A l’horizon, mon village. Il fallait un jour que l’oisillon que j’étais quitte le nid, à la recherche de son véritable environnement. Si j’avais été moins fougueuse, j’aurais sûrement accepté une vie quiète et douce près du lac et des fermes, au champ avec mes soeurs et mes frères, me satisfaisant d’un mariage chaleureux et d’une vie de famille paisible. Si j’avais été moins créative, je n’aurais pas pensé à tout l’art que mes mains habiles produisent et créent, je n’aurais pas pu les imaginer écrire des vers et des rimes. Moi, ce qui me plait, c’est le renouveau, et je n’aurais jamais pu le trouver ici. Certains de ma famille m’ont déjà reniée me disant à répétition : “Tu es folle, tu ne réussiras jamais ! Tu n’as pas ta place !”, évidemment ces mots blessants m’ont renfermée, mais un jour toute la lumière qui se cachait au plus profond de moi a jaillit. Tous les éclats, toutes les paillettes, tout le soleil et toute la clarté ont naquit sur ma peau, l’ont effleurée, comme des frissons. L’aube était venue. Un pas puis l’autre, la marche, habituelle. J’oscille entre fougères et cailloux, je découvre des lacs, des rivières, des abris. Tout était plus simple avec quelqu’un, et mon compagnon était le meilleur que je puisse avoir. “Regarde moi !”, et je me voyais moi. On aurait dit un miroir, comme si ses pas étaient les miens, mais les miens n’étaient pas aussi rigoureux et solides que les siens. Mais j’étais forte, moi, aussi forte que la pluie ou le vent, et je savais que j’allais résister à tout. J’étais née de la terre, j’avais côtoyé l’herbe et la nature, j’ai sû maîtriser l’eau et ne plus craindre le feu, j’étais humaine, mais plus pour bientôt d’après moi. Les autres pensaient qu’une femme pourrait être cette petite chose à préserver, à chérir et à aimer, celle qu’on prendrait dans ses bras mais qu’on aurait peur de serrer trop fort. Non, je suis celle qui étrangle, et j’aimerais étrangler tous ceux qui me font face. Je suis le mur, je suis l’acier, je suis la force et le courage, j’invoque la tempête. Mais je reste humaine, hélas. L’aurore me berçait, sommes nous encore loin ? Oh oui, si loin… Plus loin que jamais de tout. Ce n’était pas un village, c’était tout, tout le mystère et la fascination qui m’accueillait à bras ouverts. Alors j’ai simplement souri, et j’ai fermé les yeux. “Pourvu que les étoiles nous soient favorables”, disait-il. Et mon miroir s’est éteint. Au loin, j’ai vu, je suis venue, et je vaincrai.

En attente.