Des cris, un véritable fracas... j'entends les pas de guerriers piétinant le sol, les hurlements des mourants qu'on achève. Des flammes lèchent les maisons ruinées par la sanglante bataille qui s'empare du village. Puis nous chargeons, dans un cri de guerre assourdissant, déversant sur ce sol duquel s'élève déjà la puanteur de la mort, de nouvelles effusions écarlates... Ainsi se résume ma vie. D'aucuns dénigrent le guerrier Gaël de par son aspect rustre, et peut-être n'ont-ils pas tort. Je suis un bretteur, et fier de l'être. Je connais la Mort, tant pour l'avoir donnée que pour l'avoir subie à maintes reprises. Peut-être ne suis-je point fait pour l'Ordre, me direz-vous. Je me contenterai de repartir que je ne puis pas plus affirmer que démentir ce songe, car l'expérience demeure encore à conclure. Si l'Ordre n'a de place pour l'humain que je suis, mon instinct me porte à croire que je ne saurai y rester. Aussi loin que je m'en souvienne, je viens des terres gaëlles, dans un patelin du nom de Mireagh. J'ai voyagé, vers l'Ouest comme l'Est, m'étant aventuré sur les landes du Sud et même dans les terres impitoyables du Nord. Voyages néanmoins exempts de paix : je suivais l'appel de l'aventure et de la gloire, parmi mes frères d'armes. Ensemble, nous rapportâmes à notre foyer récits et richesses. Des robustes golems métalliques des villages du Sud, aux subtils et dangereux chasseurs des terres nordiques... sans prétention, je puis en effet prétendre à une évidente expérience du combat. Si une vertu ne fut jamais mienne en revanche, il s'agissait bien de la sagesse, que je ne possédais pas plus que la modestie ; je ne peux d'ailleurs prétendre les posséder même à ce jour.

En attente.