Ils m'appellent Sloth. Je ne sais pas pourquoi, et je me fiche de le savoir. J'ai des choses plus importantes à faire. Mes parents ? Aucune idée de qui ils sont. J'ai été élevé dans un orphelinat. Le cristal sur ma tête ? C'est parce que je suis un obsyde. Franc, dur, ce cristal me reflète. Pour des raisons dont je me fiche, le mien semble plus développé que la moyenne, formant une sorte de crête séparant les deux parties de mon crâne pourpre. Je n'ai croisé qu'un autre obsyde dans ma vie entière. Nous habitions dans la même ville, Tol Sinatra, la ville des pécheurs, fûmes élevé dans le même orphelinat, et y sommes arrivés en même temps, depuis le même endroit. Etions-nous frères ? Allez savoir... Cet imbécile ne se défendait jamais quand les enfants d'autres espèces l'attaquaient, et se fit même un ami de l'un d'eux. Pas étonnant qu'il soit mort. Quant à moi, contrairement à lui, j'étais toujours prisonnier de cette ville où la bassesse trônait. Ce sont les meilleurs qui s'en vont les premiers, paraît-il. La seule chose que je trouvais belle dans cette ville était la vue que j'avais sur la lune et les astres depuis le toit de l'orphelinat. Leur pureté semblait un rêve inaccessible au-dessus de cette ville à la noirceur putride. Ce tatouage sur mon torse ? Je me le suis fait faire après être parti de cette ville de fous. Un soir, j'en ai eu marre de tous ces pleurnichards qui s'apitoyaient sur leur sort et de ces rigolards qui aimaient me faire mal en touchant mon cristal, et j'ai versé un poison fait d'yeux d'araignées, de sucre et de champignons vénéneux dans la soupe distribuée aux enfants. Je regardai les convulsions et les râles d'agonie de mes "camarades" tandis qu'ils me fixaient d'un regard accusateur, moi qui n'y avait pas touché. Je haussai les épaules, serein. Je n'avais pris aucun plaisir à finir leur vie. Mais je n'avais aucun regret non plus. Toutefois, puisqu'il leur fallait une justice, je me m'assis sur l'un d'eux et but à mon tour la mixture. Je ne suis pas mort. La poisse... Il m'a semblé atterrir dans une suite labyrinthique de longues passerelles, où il faisait chaud. Je bâillai. J'étais fatigué. Après un regard aux alentours, je m'allongeai sur une des passerelles, qui avait la couleur de ma peau, et m'endormis. Peut-être était-ce là ma place, après tout... Une durée indéterminée plus tard, je me réveillai à l'ombre d'un chêne. La brise était toujours agréable, et je commençais justement à avoir trop chaud. Tournant la tête, je vis que le soleil était à son zénith. L'après-midi... Me relevant péniblement, je remarquai quelque chose d'étrange. Une sorte de... sculpture qui semblait m'observer de ses yeux verticaux. Curieux je m'en approchai, et en distinguai une autre, encore plus loin. Pour la première fois depuis mon enfance, je me suis murmuré ce mot : "Intéressant..."

Puisqu'il faut ici détailler mes attentes de ce jeu, et bien je dirais... "Faites-moi rêver".