Amane. Dernière de Varkin et Keldra, derrière Amreth, seul fils, et Savira, la grande. Une enfant qui ne comprenait rien au monde. C'est moi. Du moins ça l'était. L'ancienne Amane, qui comprenais que son frère était doué avec une arme, que ses parents étaient un minimum respectés, qu'elle était timide et a peine plus. C'est pourquoi je n'avais pas compris que nous avions des ennemis. J'avais été protégée des insultes et des coups, mais pas de la purge. Malentendu? Coup monté? Je ne sais pas. Nous avons du fuir devant tout ces regards, regards agressifs, ennemis, effrayants, qui voulaient ma mère. C'est à ceux qui ont les armes que le devoir de la guerre revient. Equilibre karmique? Pour protéger des vies, il a sans doute perdue la sienne. Amreth nous a offert le temps de fuir. Fuir, avancer, abandonner le matériel, ne garder que l'émotionnel, la famille, l'union. Partir, loin, dans la nature. Les quatre qui avaient survécu devaient survivre pour la mémoire du mort. Père, Mère, Soeur, eux autrefois socialement placés découvraient les plaisirs d'une vie à l'inverse, simple et isolée. Quelques relations avec les villageois. Beaucoup de travail. Père et Mère n'étaient pas tant parmi nous, et c'est Savira qui s'occupait le plus souvent de moi. Tant mieux, j'étais déjà timide, et sans elle j'aurais eu bien du mal a m'introduire à ce nouvel environnement. Savira, Savira, qui m'aidait quand je n'osais pas répondre, qui m'apprenais ce que je n'osait pas aller apprendre. Savira qui se développait de son coté aussi. Elle parlait presque avec la nature. J'envie encore comment elle avait une passion, ou un talent, quelque chose qui la poussait a rester des Horyels avec. Moi j'étais... Plus perdue. Moins sûre. Flammes au milieu de la journée. Je ne me souviens plus du contexte, je dormais je crois. Des années déjà que nous vivions ici. La douleur de la première mort est peut-être la pire. Ma mémoire de l'évènement en a été affectée. Flash. Feu. Chaleur. Traces sur ma peau. Et l'odeur répugnante et effrayante de chair brûlée... J'aurais pu échapper au feu, mais mon corps s'y est calciné, et dans la douleur atroce de cette mort, j'ai vu pour la premiere fois les Limbes. Labyrinthe étrange, courbe et droit a la fois, noyé de brume. Tout est flou dessus, mais le sentiment qui en restait était la désagréable sensation d'être entre vie et mort. J'ignore quel main du destin m'a guidée à en sortir proche de chez nous. Je reconnaissait les lieux, un miracle a une sortie de... ça. Quelques heures de marche, et c'est au milieu de la nuit que je retrouvais les restes de ma maison. Je retint un haut le coeur devant l'endroit de ma mort. Tout me revenait peu à peu. Je ne voulais pas rester ici, je voulait tout sauf ça. Mais je forçai mes pieds a se mettre l'un devant l'autre, guidée par mon dernier repère. Savira se retourna et me vit. Et l'on arrive a maintenant, ou presque. Vie errante, a marcher, mendier, sans but, exeption faite de la fuite des fantômes du passé. Petits travaux très mal payés, journées de marches éreintantes. La vie ne laissait plus la place pour grand chose de bien. C'est sans doute pour ça que personne, peut-être même pas ma soeur, n'avait remarqué a quel point la mort m'avait brisée et recollée. Je me désintéresse de plus en plus de la vie. Pourquoi suis-je revenue? Qu'est-ce que la remortalité? Qu'est-ce que les Limbes? Autant de question qui me passionnent d'autant plus que la vie me fait souffrir. Quand au coin d'un bar, dans une discussion que je n'aurais pas dû entendre l'existence de cet Ordre m'est venue aux oreilles... Pourquoi pas? Autant errer avec un but. Si nous c'était une rumeur, nous nous perdrons et ce ne sera qu'une mort de plus.

En attente.