Histoire du personnage
[HRP : L'écriture est fine et soignée, les boucles larges]
Rédiger mon passé ? Dans un livre ? Voilà une chose dont je n'ai pas vraiment l'habitude... Là d'où je viens, le passé se raconte à l'oral, lors d'épiques épopées remplies de vaillants guerriers, d’alcool fort et d'exploits héroïques... D'ailleurs, le passé d'une femme, chez moi, n'intéresse personne. C'est vrai, les femmes étudient et font la vaisselle, rien de bien épique... Mais bon, en intégrant cet Ordre, il faut aussi que j'intègre ses coutumes... Ainsi me voilà, devant ce livre vierge, une plume encrée à la main.
Commençons par l'essentiel. Je me nomme Mavis Myjlaahr, et, à ce jour, j'ai fait mes dix-huit premières années de vie et quelques septiels. Je suis née dans le petit village de Kayastene, dans les steppes glacées de la toundra de Kleom’oran. C’est un village d’une trentaine d’habitant, niché à flanc de montagne. Fille d’un membre du Conseil de la Tribu du Loup d’Argent et d’une pauvre ménagère, je ne me suis jamais attachée à ce village, ni à aucun de ses habitants, pas même mes propres parents, qui étaient tout juste bons à me procurer nourriture et logement. D’ailleurs, personne ne m’aimait vraiment non plus. J’étais une honte pour mes parents, la risée de tous les enfants du village, qui me surnommaient « la Garçonne », et des autres habitants en général. Pourquoi ? Sûrement à cause de ma manière de penser, que je qualifiai de « novatrice », quand ils la nommaient avec dédain de « rebelle ». J’étais farouchement opposée aux coutumes ancestrales de mon peuple, en particulier à celle qui stipulait que les femmes n’étaient bonnes qu’à nettoyer le logis, et à garder les enfants. Et c’est en partie ce qui m’a valu le bannissement de la Tribu à l’âge de neuf ans, sous le prétexte d’un acte de « trahison majeure» : j’étais partie à l’entraînement des enfants de mon âge, lequel était, bien sûr, strictement interdit aux filles. On m’avait repéré, et, à l’unanimité, décidé de mon bannissement. Mes parents n’étaient sûrement pas les derniers à s’être décidés. On me donna donc juste de quoi survivre quelques septiels tout au plus. Ils n’eurent pas à me le dire deux fois. J’étais presque heureuse de savoir que personne n’était attaché à moi, dans ce village que je projetais de quitter depuis longtemps déjà. Il n’y a rien d’autre à dire sur cette partie de mon passé.
Ah. Les mines de charbon. Que de mauvais souvenirs. Quoique… Là-bas, j’aurais tout de même fait une rencontre intéressante, et qui changera peut-être ma vie... Cet homme…. Il faisait dans la vingtaine, des cheveux d’un blond éclatant, les yeux d’un rouge écarlate, le teint mat… Je ne connais pas son nom. Je sais juste qu’il fait partie de cet ordre monastique que je cherche désormais moi aussi à rejoindre. Je compte bien le retrouver. Après tout, c’est bien lui qui m’a libéré de ce calvaire qu’ont été mes années d’esclavage à Aran, dans les mines… J’ai une dette envers lui. Et mes dettes, je les paie. De plus, j’ai toujours été un férue de savoir. Trouver, enfin, des gens qui m’apprécient et me comprennent ? Il faut avouer que l’idée me plaît. Pour faire bref sur cet épisode bien sombre de ma vie… Eh bien peu de temps après avoir quitté mon village je fus capturée par des mercenaires. Nous fîmes un long voyage, avant d’arriver directement, où ils me vendirent pour un prix misérable à un contremaître énervé. Et pendant six ans, je participai à l’enrichissement de ces bandits en creusant, encore et encore, à la force de mes bras, et à la sueur de mon front. J’étais plutôt coriace ; dans les mines, les gens de mon âge ne vivaient en général que trois ans, quatre tout au plus. Là-bas, s’attacher à quiconque, à part aux gardes (ce qui était impossible car ils étaient nos tortionnaires), était une très mauvaise idée…. Voir un ami mourir n’est jamais bon pour le moral. J’ai eu le malheur de m’attacher à une jeune fille qui avait six ans lorsque je suis arrivée… Elle est morte à l’âge de huit ans. Il faut avouer que la tentation du suicide n’avait jamais été aussi forte en moi. Il va sans dire que je ne me savais pas remortelle. Dans tout les cas, au bout de six ans, cet homme débarqua, alors que je tentais une énième fuite. Et cela changea tout, car, je ne sais comment, il finit par me délivrer, moi et tout les autres enfants, au passage. Et tandis qu’il partait pour ce qu’il appelait l’Académie, moi, je me dirigeai vers... nulle part. Je n’eus pas l’idée de le suivre sur le moment. J’errai donc. Au bout de quelques semaines, je trouvai un sympathique petit village, où un couple de rescapés de la mine décida de m’héberger. Le mari en connaissait un peu sur cette histoire d’Ordre et d’Académie, et me signala que l’âge minimum était de dix-huit ans… Ainsi, au bout de trois ans passés chez eux à étudier, me voilà fin prête. Mes bagages sont faits, je n’ai plus qu’à leur dire un dernier au revoir, et Ordre, me voilà !
[HRP : Une signature étrange est apposée, qui semble représenter un loup à la crinière étincelante…]
Présentation du joueur
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