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Une main gantelée écarte le rideau des ombres, mandatée par le Triumvirat, l'Ecarlate Sylkabe impose le respect du Dharma, de gré, ou de force.

  • Profane Cormac

  • Aucune citation.

  • Fonction

    Profane

    Race

    Humain

    Sexe

    Indéterminé

  • Ampoule alluméeAmpoule allumée
  • Réput. HRP

    Présence

    1 heure

    Réput. RP

  • Histoire du personnage

    Description : Un mètre quatre-vingt, sec et droit comme un piquet; on peut dire que Cormac dispose d’un physique avantageux et atypique, du fait de ses étonnantes origines. Fruit de l’union entre un Ecumeur et une Qadjaride, il jouit d’un teint de peau, mat, qui lui est propre. Ses yeux gris d’acier, généralement plissés, contrastent joliment avec celui-ci et ce malgré la profonde et longue cicatrice qui perce le côté droit de son visage, de bas en haut, laquelle se porte témoin de quelque amère bagarre. Et des bagarres, le trentenaire en a connu tout du long de sa vie de brigand, cela se lit sur ses traits; aussi durs que le fût son existence d’écumeur. Entourant cette rude gueule, une paire de favoris châtains contournent ses joues, effleurant ses pommettes, et s’arrêtent à une poignée de centimètres de ses fines lèvres souvent tordues en un vicieux sourire. Là, de sa lèvre inférieur jusqu’à la limite de son menton, on peut remarquer un petit bouc qui va de pair avec le semblant de moustache qui bouffe l’espace entre son nez et sa lèvre supérieur. Notons que sa pilosité est fort développée et que cela peut se voir aisément. Néanmoins ce qu’on remarque généralement en premier en le voyant, c’est incontestablement la comique petite mèche qui se distingue du reste de sa crête touffue et très peu entretenue. Telle la large natte qui retombe à l’arrière de sa caboche et danse au moindre de ses mouvements, sa mèche est maintenue par un bout de tissu bleu. Il n’est pas rare de le voir s’amuser à la tripoter entre ses doigts, évasivement, le regard perdu dans l’horizon. Pour en revenir à sa coiffure, Cormac a toujours favorisé une coupe rapide et grossière, rasant les côtés et taillant le reste quand il jugeait que cela devenait trop gênant. Il est bon de préciser qu’il n’est guère soigneux de son apparence, se trouvant bien naturellement et ayant bien d’autres préoccupations plus importantes à son goût que pour perdre son temps à “se pomp’nner comm’une p‘tain d’bourgeoise”. Se confortant dans ses idéaux, Cormac s’habille le plus simplement possible et, quelque peu réticent à piocher dans sa bourse pour cela, essaye de recycler de vieux vêtements; usant ceux-ci jusqu’à ne plus savoir les porter de quelque façon. On donc déduire que c’est la cause principale de l’odeur spéciale qu’il dégage, laquelle semble s’être imprégnée dans les tissus qui le couvrent. Complexe est l’adjectif qui décrit parfaitement sa personnalité si étrange. Le trentenaire s’interroge et réfléchi énormément, échafaudant sans cesse des plans pour s’enrichir un peu plus ou, encore, pour améliorer sa situation. Il déteste la politique, presque autant que la bourgeoisie, car ce n’est qu’une vaste mascarade, de son avis, un ensemble de règles ainsi que d’obligations sur lesquels il crache sans autre forme de procès. Lui vit comme bon lui semble et ne courbe pas l’échine pour rien. C’est un homme libre qui le fait valoir. Gagner son respect est loin d’être facile, il mesure la valeur d’un homme selon ses propres critères. C’est certainement pour cela qu’il passe le plus clair de son temps à observer et à dévisager ses interlocuteurs sans dire un mot. Parler pour débiter un flot de conneries le révulse ainsi les abrutis l’agacent. D’ailleurs, il méprise généralement quidam et trouve un certain plaisir à s’en moquer, sauf quelques rares exceptions; parmi lesquels figurent les Qadjarides qui attisent sa curiosité. Fier représentant de sa patrie, Cormac n’a guère de manières, ne sachant pas bien se tenir en public. Fréquemment, il lui arrive de se gratter joyeusement le postérieur, de se racler le fond des narines pour confectionner un ignoble crachat qu’il expulse ça ou là ainsi que de se foutre un doigt dans le museau tout en discutant de chose et d’autres. De même, il n’a guère de respect vis à vis des titres, trouvant cela insensé, et à pour habitude de tutoyer la plupart des gens. Ne voyons pas en cela une forme d’idiotie, ce serait faux. Avec un gaillard de sa trempe, il est bon de ne pas se fier aux apparences. Comme la plupart des gamins natifs de Lig Ocolide, Cormac a toujours éprouvé une fascination particulière pour le vaste océan qui borde son Archipel. Le bruit des vagues venant mourir sur la côté, le goût si fort du sel dans la bouche, les brises puissantes qui griffent le visage et piquent les yeux… Il aimera à jamais cette mer si hostile, celle-là même sur laquelle voguent ses frères pour défendre leur liberté. Il l’a contemplée, encore et encore, durant toute sa jeunesse, rêvant de pouvoir l’explorer à son tour et de s’arracher à l’existence de misère de ceux qui restent sur terre. Car quand sa génitrice, réticente à élever ce petit bâtard sortit de ses entrailles, l’avait abandonné devant la taverne miteuse de son père, elle l’avait condamné à vivre tel un paria. Cela, il l’avait compris des années plus tard en constatant, non sans effroi, le peu de respect qu’avaient les clients à l’égard des types comme lui, serveur pour le compte de son paternel. Cormac éprouvait, bien sûr, beaucoup de respect à l’encontre de celui-ci néanmoins il ne désirait pas continuer à pourrir à ses côtés pour le lui prouver. Aussi s’était-il fait la promesse de saisir la première occasion afin de s’extirper de là. L’attente fût longue, trop longue à son goût, et patienter au milieu d’un bordel pareil lui avait forgé le caractère, le rendant plus rustre et froid. Si personne ne le respectait alors il ne respecterait personne, ces fumiers pouvaient crever ailleurs. Principale cause des bagarres qui démolissaient une partie de la taverne, le gamin montrait les crocs bien trop vite. Son pauvre père, malheureux spectateur de la débâcle de son patrimoine, ne savait plus quoi faire de son rejeton et espérait s’en débarrasser au plus vite. Un jour, alors que quelques écumeurs inconnus s’étaient attablés en compagnie de leur bosco, ce dernier avait montré un intérêt pour ce jeune homme vif et peu sympathique et lui avait proposé de s’installer à leur table. Son équipage manquait cruellement de bras aussi un gamin en pleine force de l’âge comme Cormac répondait à toutes ses attentes. Le soir même, il montait à bord d’un navire pour la première fois et le lendemain s’éloignait au large. A partir de là sa vie fût rythmée au gré des abordages et pillages et cela durant un peu plus d’une dizaine d’années. Autant physiquement que mentalement, le gosse devint un homme de la même espèce que ses compagnons. Sanguin, lunatique et, surtout, fier d’appartenir à une communauté haïe par le reste du monde. On lui avait appris à tuer un homme de sang-froid, à ne pas frémir devant l’adversaire, à effrayer ce dernier et à prendre jusqu’à la moindre petite pièce. Aucune loi pour régir sa conduite mais un hiérarchie à respecter, le minimum pour éviter de devenir barbare. Ce semblant d’échelle sociale, Cormac attendait impatiemment de la grimper afin de jouir d’un meilleur confort. Téméraire et imprudent, un mélange idéal pour se faire respecter et deux qualités qu’ils possédaient. Pour s’enfoncer au coeur de la masse ennemie, il n’était sûrement pas le dernier et, malgré le fait qu’on avait manqué de l’abattre plus d’une fois, cela lui avait attiré la considération de ses camarades. Il fût nommé Bosco à la mort de son prédécesseur, ce qui l’arrangea évidemment. Cependant le bougre, se lassant de son train de vie, a commencé à ressentir le besoin de se rendre plus loin, de voir les richesses et secrets que le monde lui réservait. Influençant ses supérieurs par tout les moyens possibles pour arriver à ses fins, Cormac parvint à faire voyager le navire de plus en plus loin, c’est à cette période que l’Arpenteur naquît, dans la bouche de quelques-uns. Les expéditions qu’ils orchestraient devinrent scabreuse et l’équipage, éprouvé, profita du décès du Capitaine pour prier le second d’écarter le Bosco. Il fût ainsi décidé de le laisser sur terre avec quelques gaillards, ses plus proches partisans. Abandonnés comme des misérables. Cormac se sentit profondément trahit et outré et se ferma un peu plus sur lui-même. Il donna son surnom à la compagnie qu’il monta avec ses frères puis, bien décidé à réussir avec son entreprise pour se venger, proclama officieusement son indépendance et réquisitionna un pitoyable petit bateau, débutant sa carrière de receleur et mercenaire dans les alentours de l’Archipel Ocolidien. Depuis lors, l’Arpenteur est réputé comme étant aussi froid qu’un cadavre, très discret et dont il est préférable de se méfier. Un marchand surprenant. Les îles qui composaient ce qu’on nommait Lig Ocolide, archipel à la triste réputation, étaient plongées dans le pénombre. Une nuit d’une obscurité opaque, hostile, effrayante. Et les hurlements incessants qui accompagnaient la brise maritime renforçaient l’aspect inquiétant de ce cadre. Pourtant tout cela ne semblait déranger en rien les habitants des lieux qui, gueulant et riant à gorge déployée, envahissaient les nombreuses tavernes bâties ça et là. La plupart d’entre eux semblaient dans un état épouvantable et il n’était pas rare d’en croiser un en train de vomir ses boyaux là ou en train de ronfler, affalé dans un coin sombre. Ce genre de nuit profitait fort bien à Hilaria, gérante d’un bordel local plus ou moins respectable. A maintenant trente-sept ans, elle était parvenue à se faire un beau patrimoine en vendant le corps de ses filles aux Ecumeurs, lesquels n’hésitaient pas à vider leur bourse pour assouvir leurs fantasmes. Mais ce qui lui avait permis de s’en sortir par rapport à ses concurrents, c’était son commerce officieux. Car Hilaria était vicieuse, aussi avait-elle ordonnée à ses ouvrières d’essayer d’escroquer leurs clients en fouillant leurs poches ou en usant de leur charme pour les fidéliser. Certaines attendaient qu’ils s’endorment, d’autres les saoulaient; la technique lui importait peu, seul comptait le résultat. Et ses magouilles fonctionnaient franchement bien car elle avait envisagée presque toutes les éventualités possibles. Ce que ses filles volaient disparaissaient le jour suivant, grâce à un étrange type réputé pour ses services dans le domaine, c’était précisément ce qui avait amené la tenancière à l’engager. Lors de leur première rencontre, il s’était présenté sous un surnom énigmatique, sans donner plus d’informations à son sujet. Vraiment un étrange type à la fâcheuse manie de la dévisager longuement, en silence, ça lui arrachait un frisson nerveux à chaque fois. Depuis, ses visites étaient régulières et brèves, il prenait les marchandises avant de se volatiliser dans une des ruelles qui bordaient son établissement. Et ce soir, il devait venir. Hilaria se redressa brusquement en pensant à l’homme, se dandinant de façon grotesque dans son fauteuil défoncé. Ce bougre travaillait fort bien, certes, mais son style l’énervait au plus haut point, même après plusieurs années de collaboration. Faire attendre les gens de la sorte… Cela lui ressemblait bien! Ses griffes s’enfoncèrent dans le cuir qui recouvrait les accoudoirs de son siège. A l’étage, un sommier grinça et, aussitôt, la presque quadragénaire leva son double menton vers le plancher, lorgnant ce dernier d’un oeil inquisiteur. Un rien attirait son attention quand sa venue se faisait imminente. Soudain, trois coups fort secs contre le bois pourri de sa porte. En hâte, elle tenta de redresser le dus et d’adopter une posture bien droite et ferme. “-C’t’ouvert!” Les mots venaient à peine de s’échapper de sa bouche que la porte grinça en glissant sur ses gonds rouillés par le temps. Dans l’encadrement se tenait, aussi droit qu’elle, un homme d’une trentaine d’années au teint sombre. La faible lumière ambiante peinait à éclairer son visage. Peu à peu, ses lèvres s’étirèrent en un sourire amusé alors qu’il lui lançait un vague mouvement de la tête, en guise de salut. “-B’soir.” Un peu désemparée par son sourire, la femme se contenta de réitérer le geste, plus vivement toutefois. L’Arpenteur renifla un bon coup tout en décrivant la pièce d’un rapide regard circulaire qui s’arrêta sur un petit sac en toile brune, troué de ça et là, posé au pied du fauteuil. Son sourire s’élargit et il s’avança, au centre de la pièce, d’un pas faussement ennuyé, faisant grincer les planches du sol. Elle pu alors mieux le décrire et se surprit à remarquer que son accoutrement était différent, cette fois. En effet, il avait opté pour un veston et un pantalon plus terne. Au final, rien d’exceptionnel, l’homme restait égal à lui-même et, d’un côté, ça la rassurait. Elle lui tendit le sac de marchandises d’une main, le contenu n’étant pas vraiment très lourd, il s’en empara sans un remerciement et se mit à fouiner en marmonnant dans ses dents quelques propos incompréhensibles. Hilaria le laissa faire, se contentant de le regarder s’agiter seul, mieux ne valait pas brusquer l’animal. “-C’bon.. Mhrr.. J’d’jà p’yé pour ça. ‘N’est d’ccord?” Il l’interrogea d’un oeil mauvais en balançant le sac sur son épaule, sans ménagement. La gérante répondit d’un bref hochement de tête, visiblement pressé d’en finir avec cette transaction. “-P’rfait! B’nne soirée m’belle!” Reprenant un air plus doux, satisfait de sa réponse, l’Arpenteur lui lança un clin d’oeil coquin, ce qui la laissa perplexe. Remarquant qu’il l’avait troublé, encore une fois, il se mit à ricaner d’un ton joyeux quoiqu’un peu moqueur en se détournant. Il ne prit pas la peine de refermer derrière lui, disparaissant dans l’autre pièce. Hilaria émit un long soupir, exaspérée. La rue était animée, trop pour qu’il la traverse. Plusieurs Ecumeurs, complètement ivres, s’étaient entassés à une poignée de mètres du commerce. Aucun ne remarqua Cormac qui se glissa sur la droite afin de longer le bâtiment jusqu’à un étroit passage qui descendait en pente vers le port. Il préférait éviter les endroits fréquentés, c’était logique. Un homme qui sort d’un bordel avec un foutu sac sur l’épaule, il faut avouer que ça peut en interloquer plus d’un. L’artère était sinueuse, l’emprunter lui prendrait plus de temps toutefois ce chemin paraissait être calme. Sa marche dura une bonne demi-heure et, par plusieurs fois, il manqua de chuter sur un pavé cassé et de glisser sur une ou l’autre flaque de pisse. Enfin, Cormac arriva au port et tourna sur sa gauche, restant sous les façades pour profiter de leurs ombres. Une dizaine de minutes à allure rapide lui suffit pour arriver à un ponton de bois, bancal. Au bout de celui-ci, on avait fait amarré un modeste navire vers lequel il se dirigeait. Enjambant lentement et prudemment la main courante, il grimpa sur le pont, laissa tomber lourdement son sac et glissa un sourire ravi en voyant plusieurs hommes venir à sa rencontre. Des rustres à la gueule ravagé par l’alcool. Cormac leva son bras en l’air, d’un geste évasif, son sourire s’élargissant plus amplement. “-L’vieille nous a l’ssé d’la b’nne m’rchandise l’gars, Eh!” Tandis que ses hommes exprimaient leur joie à leur façon, riant et s’envoyant des tapes, lui releva les yeux vers la grande étendue d’eau, juste derrière son bateau, pensif. Ce soir, ils allaient boire jusqu’à en dégueuler sur le pont ensuite, le lendemain, il devra s’arranger pour revendre la prise, à un crétin vraisemblablement, avant d’essayer de trouver un autre filon pour survivre. l’Arpenteur se figea, la mine désemparée, la réalité venait de surgir si brusquement que ses entrailles se glacèrent. Combien de temps, encore, à ne trouver que de pauvres besognes? Combien de temps à tenir de la sorte? Il mentait, autant à ses camarades qu’à lui-même… Tôt ou tard, ça allait se finir... Celui qu'on nommait l'Arpenteur. La proue du voilier fendait lentement l’eau, forçant celle-ci à s’écarter à son passage. Il voguait paisiblement à quelques milles des côtes, minuscule point sur une grande toile. C’était un petit bateau de pêche, tout banal et bête, qui paraissait bien insignifiant comparé aux imposants bâtiments qui le contournaient pour disparaître vers l’horizon. Ce jour là le soleil était haut et, profitant d’un ciel dégagé d’un magnifique bleu clair, dégageait une agréable chaleur. La mer, elle, était paisible et d’un calme surprenant. Les vagues, poussées par un vent faible et frais, semblaient fatiguées et venaient s’abattre mollement contre la coque des navires. En somme, le genre de journée idéale pour se détendre, les orteils en éventail sur sa terrasse. Sur le continent, tout du moins, parce qu’ici les gens disposent d’une toute autre mentalité. Ici, on ne se détend pas comme tout ces gros rupins et autres notables écoeurants qui débordent d’or et de mépris. Ici, on est à Lig Ocolide et chacun vit comme il l’entend. “-Eh, b’rdel, t’laisses pas cr’ver gros tas!” L’accostant de sa voix grasse et rauque, ravagée par d’innombrables années de beuverie intensive, le vieux Deryn clopinait d’un pas lourd en sa direction. Cormac, installé sur un tonneau au pied de l’humble mat, avait ouvert subitement les yeux, non sans laisser échapper un grognement de mécontentement. Que venait-il le déranger, ce vieux balourd? Il l’observa un bref instant, le temps de le voir trimballer sa stature volumineuse le long du pont, puis, ne trouvant rien à lui répondre, lui décocha un maigre sourire. Malgré son vocabulaire cru ainsi que sa manière de gueuler comme un dément à tout va, le pêcheur était sympathique et lui inspirait un certain respect, du fait de sa réussite. En fait, les deux Ecumeurs éprouvaient chacun une estime profonde à l’égard de l’autre grâce à des années d’amitié et de complicité. Deryn fût l’un des matelots du navire sur lequel Cormac débuta sa nuisible carrière, à peine âgé de dix-sept ans. Lui, respecté par la plupart de l’équipage pour son ancienneté, devait en avoir pas loin de trente. A cette époque, il l’avait impressionné par son caractère rude et quelque peu bourru. Le produit type de nombreuses années en mer, fidèle à Lig Ocolide et ses principes. Le genre de gars qui fascinait, jadis, le gosse indomptable et très peu éduqué que fût Cormac. Fortement influençable voir légèrement débile dans sa jeunesse, le doyen avait incontestablement laissé son empreinte en le prenant sous son aile pour faire son éducation. Enfin, une éducation peu singulière que les bourgeois maniérés de la Capitale ne pourraient tolérer car le bougre n’avait ni appris les lettres ou chiffres à son élève, ni les bonnes manières en vigueur. Bien au contraire. Pareil enseignement était fort long et, surtout, inutile pour un fils de l’Archipel; ajoutons que le gros Deryn ne possédait aucune connaissance en la matière de toute façon, étant aussi poli et instruit qu’un porc. Son apprentissage s’était fait à grands coups d’épée ainsi qu’à l’étude du florilège des jurons du parfait brigand, le tout en se démontant le foie de rhum roux après s’être payé une fille pas trop cher. Je crois bon de ne pas trop m’attarder sur l’entièreté des matières qui composent la formation d’un marin lambda afin d’éviter de devoir citer le tir à la crotte de nez et autres concours lugubre auxquels s’adonnent régulièrement ces joyeux lurons. En somme, une ambiance des plus fantastique. Et ce fût dans cet environnement que Cormac grandit, peut-être trop vite, sous la tutelle du vieux, de sorte qu’il devint à son tour une crapule infréquentable. Cependant, et malgré les efforts de Deryn, il s’était toujours considéré comme différent de ses compagnons. De part le fait qu’il soit un bâtard peu commun aux origines spéciales mais également à cause de ses ambitions. Pourquoi se tenir à cette vie si commode parfois épicée d’un abordage quelconque? Pourquoi crever dans l’ignorance et la pauvreté en étant voué à l’oubli. Il ne comptait pas rester un Ecumeur normal bien longtemps. Un monde de richesse se dissimulait par-delà le lointain, un monde protégé par une bande d’égoïste précieux et conservateurs. Tout ces couillons prétentieux se pensaient à l’abri des gens de son espèce qu’ils haïssaient. Il s’occuperait personnellement d’alléger leur bourse, de dérober jusqu’à la moindre pièce afin de se faire connaître, lui, homme indocile. Néanmoins, pour mener à bien ses projets, il lui fallait grimper dans le semblant d’échelle sociale instauré sur le navire, ce qu’il avait très vite compris. Suite à une tragique évènement au cours d’un abordage, Cormac devint Bosco pour son plus grand plaisir. Voyant en cette promotion une assurance solide, il débuta sa petite entreprise sur cette base. Particulièrement doué pour bien choisir ses mots, le nouveau maître d’équipage parvint à inspirer son Capitaine pour décider des trajets à emprunter. Le second, par contre, s’opposait fermement à ces propositions longuement étudiées. Cormac l’avait toujours trouvé plus ou moins barbant et avait abandonné l’idée de se le mettre en poche. Erreur fatale car, à la mort de son supérieur, ce fût évidemment ce crétin qui reprit le commandement. Accessoirement, Deryn baptisa son protégé d’un surnom énigmatique dont les autres s’emparèrent naturellement, sans prendre la peine de connaître la cause du sobriquet. L’Arpenteur ou celui qui veut voyager sans crainte en quête de fortune et de prestige, emmerdant les règles. Voilà la définition que lui fût donné par le pataud. Ce dernier tira sa dernière révérence peu de temps après en quittant le vaisseau, aspirant à une existence plus tranquille et moins dangereuse, non sans communiquer ses dernières recommandations à son protégé. Selon lui, le Bosco devait être prudent, oublier ses desseins en vue de se fondre dans la masse. Le concerné n’en fît rien alors qu’il se savait dans une mauvaise posture. En effet, la majorité de ses hommes n’appréciaient aucunement les escapades dangereuses qu’il inventait et ne tardèrent pas à se retourner contre lui. La situation arrangea le second, lequel ne se fît pas prier pour écarter l’Arpenteur dés que l’occasion le lui permit. Celui-ci reçu sa dernière solde et, en prime, fût contraint de débarquer à la première escale sur Lig. Préférant éviter un conflit perdu d’avance, il se plia aux ordres puis s’empressa de retrouver Deryn, accompagné d’une maigre poignée de gaillards qui épousaient ses idéaux; lesquels se comptaient sur les doigts d’une main. Se sentant profondément trahi par ses anciens frères, Cormac décida de monter sa propre compagnie dans le but de naviguer indépendant à l’avenir. Mais mettre en place pareille affaire n’était pas aussi simple qu’il l’avait envisagé. Un Navire valait son pesant d’or sans oublier que des dizaines de bras étaient nécessaire pour le faire naviguer. Un véritable gouffre financier dans lequel on ne pouvait s’aventurer sans un excellent patrimoine. Patrimoine qu’il ne possédait pas. Il lui fallait donc trouver quelque magouille pour amasser suffisamment d’or. Encore une fois, Deryn apporta son aide en mettant au service de la troupe son petit bateau de pêche, acquis par d’importantes économies. Une embarcation des plus simples nullement appropriée pour d’importants déplacements maritimes. Elle s’avéra, par contre, totalement adaptée pour la nouvelle carrière de Cormac qui l’utilisa à des fins peu correctes en y cachant le maigre butin de ses clients. S’étant lancé dans le recel à la suite d’un entretien avec une connaissance peu fréquentable, un ancien de ses marins menteur et voleur qu’on avait délaissé ivre dans une taverne et qui, désormais, survivait en pillant de ça et là. l’Arpenteur décida de vendre ses services afin de faire disparaître la partie inutile du larcin ou cacher l’entièreté de ce dernier jusqu’à ce que l’auteur demande à le récupérer. Un commerce plus ou moins risqué qui lui permettait de gagner péniblement sa vie. Une vie sans intérêt, saupoudrée parfois d’ennuis ou d’une touche d’adrénaline, trop maigre et rare. Une vie misérable, détestable, que seul égayait le rêve d’un lointain avenir à bourlinguer inlassablement. Unique espoir auquel il s’accrochait fermement, tant et si bien que celui-ci commençait à perdre de sa superbe. Ca l’étouffait, le bouffait de l’intérieur à petit feu. En fait, tout le rendait malade dans son quotidien de merde. Le temps était venu de sortir de ce bordel sans nom, de prendre une autre route, de changer radicalement et tant pis pour les dommages. Pour cela, il lui fallait attendre le moment opportun, l’instant où le pouvoir de décider lui serait offert, à nouveau. “-P’tain… T’veux pas ‘rrêter d’rêvasser! S’quoua t’problème, uh?” Cette fois, le ton se faisait plus dur, ferme, quelque peu autoritaire. Deryn, légèrement courbé en avant, le lorgnait d’un oeil torve, ses lèvres gercées tordues en une grotesque grimace. Cormac détacha son regard de l’horizon, le plongeant froidement dans le sien. Il laissa le silence s’installer, pendant un moment, tout en tentant de se montrer imperturbable. Seulement l’autre, avec son imposante bedaine et ses narines de veau, avait ce talent de l’impressionner facilement. Finalement, préférant apaiser la situation, il lança d’un ton sec. “-Mhmrr.. J’réfléchissais juste camar’de.” L’imposant pêcheur fronça ses sourcils grisonnants et broussailleux, prenant une mine involontairement plus hostile. En fait, sa petite cervelle, sûrement bien à son aise dans cet énorme crâne dépourvu de poils, se retournait et s’échauffait, concevant une réponse marrante. Deryn aimait faire dans l’humour, taquinant ses proches à la moindre occasion, sans vraiment se rendre compte de la stupidité de ses blagues. Le voyant réfléchir à s’en faire exploser la caboche, Cormac savait d’ors et déjà que leur conversation aboutirait inévitablement à une connerie. “-Eeh… C’pas bon pour toua, ça! Nan.. T’pas une salop’rie d’poête!” En plein dans le mille! Il devenait trop prévisible après autant de temps. Se retenant de peu de laisser échapper un soupir exaspéré, l’Arpenteur préféra se contenter d’opiner vaguement, franchement las. Engager plus amplement le dialogue le rebutait, cela allait tourner en rond pour, fatalement, n’aboutir à rien d’intéressant. Il n’avait jamais fait partie de ceux qui se forcent à faire bonne figure pour plaire, l’hypocrisie ne faisait pas partie de l’interminable liste de ses défauts et tant mieux. “-’Va bientôt r’venir au port. T’devrais t’payer un bon tort-boyaux, p’t’êt même une radasse poh trop mal foutue, tiens.” Enfin une bonne nouvelle! Un rhum roux ne serait pas du luxe. Un excellent remède pour évacuer les soucis. Cormac se mit à étudier la question en faisant rouler sa mèche entre ses doigts, machinalement, tandis que le bateau de pêche manoeuvrait dans un large demi-cercle, s’en retournant vers le triste Archipel. La bosse, les rumeurs et les ivrognes. D’un pas assuré et vif, le dos tourné à l’immense océan, Cormac s’enfonçait dans l’une des artères qui s’ouvraient devant lui, laquelle serpentait entre les baraques et autres commerces délabrés jusqu’au coeur d’une des îles de Lig Ocolide. Ses bottes usées frappaient lourdement le sol jonché de déchets et d’Ecumeurs ivres. Il redressa le dos, écarta les bras en les laissant pendre nonchalamment puis, en redressant doucement le menton, se força à adopter la gueule fière de ceux qui reviennent victorieux de lointaines et périlleuses conquêtes. Ses prunelles d’acier se posèrent sur un groupe bruyant de forbans qui titubaient vers lui. A vu d’oeil, il devait avoir un peu moins d’une dizaine de types. L’un d’eux leva sa lame au-dessus de la bande ce qui provoqua l’hilarité de ses copains. L’Arpenteur se crispa puis, n’appréciant pas que la situation le désavantage, ralentit peu à peu l’allure. Peu importe qu’ils soient tous armés, dix gars dont la gueule seule témoignait de l’état général d’ébriété représentaient clairement un danger potentiel. Mieux valait éviter d’attirer l’attention aussi abaissa-t-il le nez, non sans marmonner d’incompréhensibles jurons. Sa fierté ne l’empêchait pas d’avoir conscience des risques, la prudence était préférable. Ces rats de cale ne méritaient pas de le tuer alors inutile de se livrer bêtement à eux. Toutefois, après un instant de réflexion, il jugea utile de chasser discrètement le pan de sa veste qui retombait le long de sa cuisse. Là, battant son flanc à chacun de ses mouvements, un fourreau fait principalement de cuir, à la qualité plus que douteuse, renfermait son épée émoussée. Peut-être qu’en l’apercevant, ce rassemblement de bois-sans-soif éviterait de chercher des noises. Justement, il arriva à leur hauteur, évita soigneusement de leur lancer un coup d’oeil mais tendit l’oreille, méfiant. “-Ouarrfh.. L’rgne un peu c’lui-là! L’est poh fait comme l’reste, eh!” Cormac, sentant ses entrailles bouillir, posa sa main sur son pommeau avec une lenteur calculée tandis qu’on répondait, à mi-voix et sèchement. “-T’gueule, jacasse pas pou’rien.” L’autre débile renchérit immédiatement, baissant également le ton. “-P’tain, ouais, mais t’vu comme l’est coloré?” Alors que ce tas de bouseux indignes s’éloignait vers le port, un peu plus calme, il parvint à saisir une dernière phrase. “-Ferme-là ‘spèce d’toqué. On s’en troue l’botte de s’couleur d’peau!” Cormac, les yeux flamboyant de satisfaction, ne pût s’empêcher de décocher un sourire espiègle. Son teint provoquait inévitablement l’incompréhension. Sa mère en soit louée. Chaque fois, quidam le dévisageait, troublé, et chaque fois ça l’enchantait. Là où d’autres auraient eu honte, lui tirait fierté de son état de bâtard. Un titre qu’il portait tel un seigneur vindicatif. La journée s’annonçait bonne, restait juste à s’envoyer une bonne lampée dans le gosier. Après une brève recherche à déambuler dans ces rues d’une puanteur insoutenable, Cormac trouva enfin le fruit de sa quête. Une taverne à la devanture ravagée par les années, couverte de pisse ainsi que de vomi séché. Le propriétaire avait fait accroché un panneau, unique témoin de l’activité du bâtiment, qui pendait à deux chaînes en fer, rouillées; la gravure qui l’ornait était bouffée par la mousse et le bois menaçait de se décomposer à tout instant. Ravi de son choix, il s’empressa de rentrer à l’intérieur et, posant sa main sur les planches sombres, poussa la porte délicatement. Les gonds se mirent soudain à grincer bruyamment, souffrant le martyr. Un instant, Cormac se demanda si cette foutue porte n’allait pas rendre l’âme en s’effondrant à ses pieds. Ce serait une sacrée entrée, des plus fracassantes, et ça le fit ricaner tandis qu’il pénétrait à l’intérieur. Quelques lanternes, pendues grossièrement au plafond, éclairaient lamentablement les tables disposées ici et là, dans la salle. Un large comptoir, tordu d’avoir été tant et tant utilisé, trônait au fond de la pièce et, posté vaillamment juste derrière, le tavernier s’affairait à sortir ses bouteilles. Maigre à en frôler l’anorexie, le teint cireux, de larges poches foncées sous ses yeux vitreux, ce pauvre gars ne jouissait pas d’un physique avantageux. Il se déplaçait le long de son comptoir, à moitié avachi sur lui-même. Un cadavre bossu, menaçant de s’effondrer à tout instant. Cormac coinça sa lèvre inférieure entre ses dents, essayant difficilement de ne pas éclater de rire, puis s’avança dans la pièce remplie. Plus une seule table libre. Soit, il allait s’installer au comptoir, c’était tout aussi bien. Le tavernier releva sa caboche défraîchie et, dévoilant sa bouche édentée, lui lança son sourire le plus amical et risible. “-B’jour l’bosse. C’sera une timbale d’rhum.” Manquant de s’étrangler, outré par le sobriquet dont son nouveau client venait de l’affubler, la dite “Bosse” le fusilla du regard et son sourire se liquéfia en une moue furibonde. Cependant, ses fines mains s’activèrent à remplir de rhum un godet de ferraille. Se murant dans le silence, il déposa lourdement le récipient devant son client puis, le dévisageant, cracha quelques mots, à peine compréhensible. Cormac saisit sa demande, après quelques minutes, et, sans plus attendre, balança trois pièces d’or torchées que le tavernier considéra un bref instant, sur le cul, avant de les faire glisser vers lui. Sa consommation ne coûtait pas autant. D’une main, il se mit à caresser son menton osseux, se questionnant sur la raison. La théorie d’une énième andouille bercé trop près du mur venait de lui apparaître comme une illumination lorsque le bougre l’interpella. “-Mhrr… ‘Lors, c’dit quoi dans ta taverne?” Complètement con, c’était sûr maintenant. Certain du manque d’intelligence de son interlocuteur, le tavernier haussa ses maigres épaules face à cette question idiote. “-Que d’ragots à en chier dans un ch’peau, l’ami. Rien d’ bien rare, eh!” Là-dessus, presque machinalement, ses yeux se promenèrent dans son commerce jusqu’à une table, installée pas très loin d’eux. Trois Ecumeurs, moins bruyant que les autres, y étaient assis, plongés dans un long entretien. Depuis leur arrivée, ils l’avaient intrigué ne fût-ce que par leur accoutrement; moins négligé, plus richement décoré. Sans oublier que le sujet de leur conversation n’était absolument pas commun. En allant amener le rhum commandé, il avait saisit quelques bribes de phrases complètement loufoques. Après avoir détaillé le meneur d’un coup d’oeil hâtif, il désigna la bande d’un geste de la tête. “Bah… Y’a bien ceux-là. ‘Sont pas d’coin mais ça encore…” Cormac fronça les sourcils, brûlant soudain de curiosité alors que le tavernier se penchait sur son comptoir, appuyé sur ses coudes, lequel émit un profond craquement. “C’cause d’chaîneux, d’Nouveau mond’... P’tain d’ baratin d’taré. J’crois que c’des esclavagistes, v’voyez?” Il se redressa, non sans peine, ses malheureuses vertèbres arrivant au bout de leur existence. Cormac hocha lentement le ciboulot, brutalement chauffé par l’excitation, puis le tourna vers l’objet de tant d’énigmes, fort intrigué. Sa boite crânienne fulminait furieusement. Comment les aborder, parvenir à s’attirer leur faveur sans attirer les soupçons. La chance s’offrait à lui, les cuisses aussi écartés qu’une catin gracieusement payé pour ses services. Et, cette fois, il comptait bien être gourmand, en profiter pleinement. “-Va donc l’servir une b’teille d’ma part.” La “bosse”, ayant laissé l’Arpenteur à ses pensées, fit volte-face si brusquement que ses rotules manquèrent de rester sur place. Les rides qui parsemaient son front se plissèrent d’incompréhension. “-Quouah?! Bah.. Bien, s’voulez.” Encore abasourdi, il se pencha en avant afin de se saisir d’une flasque verdâtre. Prenant la bête à deux mains, bien décidé à se lancer, Cormac pivota sur ses talons, faisant couiner ses bottines, se dirigeant vers son destin, sans rien en savoir. Encore une fois, fidèle à ses croyances, il adopta sa pose de légendaire crâneur. Son nez pointait vers le coin où se rencontrait le mur du fond et le plafond, son pied quittait le bois pourri avec une surprenante délicatesse et ses bras pendaient en dictant la chorégraphie de son corps entier. Décrit de la sorte, cela paraissait être ridicule cependant l’Arpenteur se débrouillait plutôt bien pour rendre sa démarche tout à fait naturelle et, ainsi, en rendre l’aspect plausible. Sa parade mégalomane lui convenait. Il le savait. Les types assis, précédemment concentrés sur leur discussion, l’examinaient presque sautiller vers eux, les sourcils froncés. Le cadavre, tenancier de la boutique, lui collait au semelles, tenant fermement une bouteille, tel un brave cabot. Arrivé à destination, Cormac les toisa un à un. “-J’vous paye un coup, cam’rades, mh?” De longues minutes silencieuses s’écoulèrent. Les gaillards se balancèrent, à tour de rôle, de furtifs coup d’oeil. D’aucun ne connaissait ce marsouin, bondit d’Arbitrio sait quelle boîte, pas plus qu’on ne savait son but. Mais on devait lui reconnaître un charisme évident, on se garda bien de l’en féliciter évidemment. L’un s’irrita de voir le problème traîner à se résoudre, inspira profondément et inclina simplement le menton en guise de réponse. Le tavernier se dépêcha de laisser son flacon au centre du groupe, soucieux de s’enfuir sans trop traîner, après tout il n’avait absolument pas demandé à s’enfoncer dans ce merdier. Si l’autre timbré tenait à être vidé de ses entrailles, c’était son problème, pas le sien. Tout à son affaire, il s’éclipsa sur la pointe des pieds. Cormac saisit un siège d’une main, le tira vers lui puis prit place sur ce dernier. “-T’veux quoi m’gars?” Une lueur malsaine flamboya dans ses prunelles alors qu’il courbait le buste en avant. “-C’Nouveau Monde.” Et, appuyant ses propos, il posa sa bourse juste devant lui. Le tintement de l’or arracha un sourire au soit disant chef. Un bon début. La bannière des flibustiers. Le soleil commençait, peu à peu, à décliner et plongeait vers l’océan afin de laisser la nuit envelopper le monde de son sombre manteau. Vaillant, il dégageait encore une agréable lueur orangée, à moitié immergé au loin, permettant ainsi de chasser l’obscurité qui, bientôt, devait régner à sa place. En laissant une ligne frémissante dans leur sillage, quelques navires s’éloignaient des côtes de Lig Ocolide, toutes voiles dehors, au son des chants et des ordres. Leurs brise-lames transperçaient sans pitié les vagues féroces, lesquelles se soulevaient soudainement, roulaient puis percutaient la coque bruyamment afin de la briser. Particulièrement agitée, la mer se montrait hostile. Le vent, glacial et puissant, maltraitait la peau, la mordait et gueulait, virulent. Pourtant, feignant l’indifférence, les embarcations n’abandonnaient pas la partie. Admirant le spectacle de cette nature déchaînée, les coudes appuyés sur la main courante, Cormac tirait une profonde bouffée de tabac, sa pipe coincée au coin de ses lèvres, et souffla un long filet de fumée aux reflets bleus. Les rafales froides venaient s’engouffrer sous ses vêtements, faisaient danser sa chevelure et, s’attaquant à son visage, lui arrachaient quelques larmes. Néanmoins, ses lèvres s’étaient figées en un sourire béat, heureux de prendre à nouveau le large depuis si longtemps. Maintenant plus que jamais, il prenait conscience à quel point l’aventure faisait partie de son être. Condamné à mettre les voiles. Ca lui convenait. Et bientôt, son pied foulerait un sol mystérieux, inconnu. Enfin, son nom allait être gravé dans quelque légende. En usant de ses talents fourbes, les gars rencontrés dans cette taverne avaient consenti à le mêler à leur affaire. Le présumé meneur s’était présenté comme le second d’un navire en commerce avec des esclavagistes. Eux, simples pions du jeu, se contentaient de saisir les survivants des abordages afin de leur ôter la liberté. Ensuite, ils revendaient la marchandise à un sordide femme, capitaine au sein d’une île perdue au plein milieu de l’océan. A ce qu’il avait pu comprendre, elle faisait office de “passeur” entre l’Ancien Monde et ce soit disant Nouveau Monde, vendant ses esclaves aux indigènes locaux. Cormac, médusé, avait eu beaucoup de mal à ne pas douter de la véracité de ces faits. Comment l’évocation de cette organisation énorme n’était pas parvenue jusqu’à ses oreilles? Pourquoi n’avait-il jamais appris qu’une terre inconnue avait été découverte? Peu importe, à présent son avenir était là-bas, sur ce monde en pleine expansion, bourrée de potentiel. Sa part du gâteau l’attendait, mieux valait la saisir avant que d’autres charognards découvrent le butin. Devancer le commun, toujours. Un coup d’avance. Aussi, il n’avait pas jugé bon de prévenir ses proches, préférant disparaître le plus discrètement possible afin de ne pas alerter les malins éventuels. Et il se foutait de se jeter seul dans cette entreprise saugrenue et dangereuse, il savait se défendre, faire valoir ses droits. C’était un salaud et après? Ceux qui le jugeait ne valaient pas mieux. Qu’ils aillent se faire foutre, Il misait beaucoup dans ce périple qui devait lui coûter sa fortune entière mais dont l’apogée serait jouissive alors, devant sa réussite assurée, on serait forcé de s’incliner. Il se voyait déjà, drapé d’or, dirigeant d’une immense flotte faisant route vers Lig où ses frères l’acclameraient et inventeraient toutes sortes de récits, de chansons et autres poèmes sur son histoire. Digne, juste, le légendaire Arpenteur offrirait des terres aux Ecumeurs en écrasant, un à un, les saloperies de cafards; les traîtres sans paroles. Il mettrait en place les moyens nécessaires, prendrait le temps mais il allait parvenir à ses fins. Rien ni personne ne l’en empêcherait. Ce nouveau monde, cette terre promise courberait l’échine et deviendrait, tôt ou tard, le salut de son peuple. Cormac pencha sa pipe par-dessus la balustrade qui l’empêchait de se faire dévorer par l’océan et, la secouant vivement, en renversa le contenu fumant, que l’eau emporta immédiatement dans son sein. Balançant un coup d’oeil vers la poupe, il s’aperçut que son archipel n’était plus qu’un lointain point, cassant la ligne d’horizon. Cette fois, pas de marche arrière. Aucun retour possible. Il laissait Deryn et sa compagnie. Son père et sa mère également, enfin, ça, il s’en foutait un peu; il ne causait plus depuis un bout de temps à son géniteur quant à sa mère… S’inquiétait-elle seulement de son fils? Sûrement pas, sinon elle ne l’aurait pas délaissé. Soit, un sacrifice nécessaire pour leur sauvegarde. Il se surprit soudain à penser que c’était peut-être la dernière fois qu’il pouvait contempler sa patrie chérie et ça lui brisa le coeur. Ce que ces îles lui avaient offert, il le lui rendrait, la couvrirait de richesse. Lig Ocolide, fardeau des grandes puissances, s’était courageusement dressée face aux dirigeants, aux marchands, aux soldats. Ses fils levaient son flambeau, ensemble, coulant et éventrant ses adversaires. Cormac connaissait la cause et la défendait farouchement, même loin de ses frontières. Dans plusieurs jours, il allait rencontrer cette esclavagiste, marchander sa place pour le prochain départ. Selon les marins, elle ne rechignerait pas à l’emporter, du moment que sa bourse soit suffisamment remplie. Justement, le coût peu important de la première partie de son trajet allait lui permettre de disposer d’excellents arguments face à cette femme en qui il misait beaucoup. Perdu dans ses pensées, Cormac n’accorda que très peu d’importance à l’agitation ambiante, ignorant royalement les plaintes des esclaves tapis dans la cale, les poignets meurtris par les chaînes. De la camelote sans la moindre importance. Il descendit dans la cale, fatigué, cherchant sa couchette pour somnoler. L’expédition s’annonçait éreintante et il n’avait guère envie de débouler sur le nouveau monde en arborant sa plus laide gueule. La première impression comptait beaucoup. Ainsi, l’esprit peuplé de rêves et d’espoirs, il plongea dans un sommeil agité.

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    Yop, moi c'est Viktor. Je viens de Savoie et j'ai pas grand chose à dire hormis que je suis en école d'ingénieur. Musique, RP, sport. Personnellement je suis un joueur calme et serein, je viens pour passer du temps. Bien. Je n'aime pas balancer trop d'information IRL pour un jeu surtout au départ ne sachant pas si je vais rester ou non. Cordialement.
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