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  • Membre Bjorn Arn

  • J’ai demandé si peu au Cosmos — et ce peu, le Cosmos me l’a refusé.

  • Fonction

    Membre

    Race

    Humain

    Sexe

    Masculin

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  • Réput. HRP

    Présence

    36 heures

    Réput. RP

  • Histoire du personnage

    Mon père me racontait toujours cette histoire, assis à mon chevet, pendant les longs hivers de maladie qui assaisonnaient ma si morne enfance. J'ai toujours été l'enfant fragile, celui qui attrapait toutes les maladies, pour lequel l'on devait ramener un précepteur à la maison et je dois avouer n'avoir connu le monde extérieur qu'à l'âge de 8 ans. Expérience si intense qu'elle s'est soldée par une maladie cardiaque me menant directement vers ce joli lit bordé de rouge et d'or qui était exactement le contraire de ce que j'étais. Ces deux couleurs nobles sont, paradoxalement, les couleurs de mon enfance. Je suis un Arn, l'une des rares familles nobles de ce village. De sang et d'or, oui, je crois que c'était quelque chose du genre. Un joli écusson représentant un aigle. C'est si héroïque, si... noble. Vous vous en doutez, je ne pouvais être le digne représentant de la famille. C'était mon frère, beaucoup plus robuste, carré, ce genre d'homme inspirant l'autorité et la supériorité. Ma mère disait souvent qu'il a dû hériter de ma part, ce à quoi mon père répondait nonchalamment que j'ai dû récupérer l'intellect. Oui, aussi bizarre et étrange que cela puisse être, j'étais le préféré. Pourquoi ? Aucune idée. Je n'étais pas l'héritier, mais j'étais celui dont on s'occupait le plus, laissant Baldr aux soins des percepteurs et autres maîtres d'armes. Non, moi, pendant ce temps, on me racontait des histoires. Celle de l'aigle Arn plânant sur les vertes plaînes, le regard vif, droit et inarrêtable. J'étais l'aiglon qui était peut être sorti trop tôt de l'oeuf, ou qui n'aurait jamais dû sortir, du moins, c'est ce que je ressentais. Non, je ne suis pas un aigle, les aigles sont bien trop fiers et supérieurs. Mon premier souvenir revient à mes 2 ans, ce qui est plutôt précoce, pour un humain normal. J'étais couché dans une sorte de panier, dans le bureau de mon père. Ce dernier grattait de sa plume un parchemin immense, plus grand même que la table qui le soutenait. La pièce était plus qu'un bureau, aux murs, étaient accrochés des dessins étranges, des cartes, des portraits d'aïeuls. De part et d'autre de la salle, je pouvais voir des commodes et des bibliothèques, sur lesquelles se trouvaient un amoncellement de papiers, de façon désordonnées, des plumes y étaient mélées, des encriers vides entassées au dessus. Ma mère entrait de temps à autres, portant un service à thé, et le posait près d'une grande table près de l'entrée, ce à quoi mon père répondait par un grognement, visiblement trop concentré. Je voyais mes mains et mes pieds, tirés vers le haut, faisant un jeu d'ombre sur mon visage avec la lumière du lustre cristallin, ce qui m'amusait beaucoup. Quelques fois, mon père se levait, faisait les cent pas dans son bureau, venait vers moi, et faisait glisser sa plume sur mon nez, me faisant éclater de rire. Ca devait être ses petites pauses. La dernière partie du souvenir, est une prise de parole de mon père. Je ne m'en rappelle pas vraiment, les mots sont brouillons, et ma vision devient trouble lorsque j'essaie de m'en rappeller, mais j'ai réussi, au fil du temps, à décrypter une phrase. "Pauvre Bjorn, tu es comme moi, et tu seras comme moi. Esperons que le temps ne te changera pas, mon petit Bjorn." J'entend le bruissement des pages, accompagné de la douce voix maternelle qui m'a bercé toute mon enfance. Je me revois dans un luxueux salon, un lustre doré pendant. Ce qui semble être mes mains tend vers le cristal et un rire enfantin amusé accompagne mes gestes. Mon père, au loin, grommelle, il cherche quelque chose, mon regard est attiré vers l'amoncellement de papiers trônant sur son bureau, sur lequel j'ai une vue plongeante depuis les mains de ma mère. Une carte trône, un sorte d'île surplombant la terre est visible, j'arrive presque à discerner un relief. Le livre se ferme, tête emplie de légende, je me vois tiré vers le monde onirique, une douce musique m'accompagnant dans mes rêves les plus profonds. Je me vois, grand, les cheveux au vent sur un fier cheval blanc, courant au combat, épée à la main, héros épique et légendaire. Mais ces rêves... n'étaient que la représentation de mes plus profonds désirs. Fragile chose, je n'étais pas grand chose, j'étais l'enfant sacrifié, peut être que je pouvais devenir courtisan, dans la cour d'un roi, loin, peut être que je devais m'exiler, peut être que je devais cesser d'exister. Je fête mon dix-septième anniversaire, et les questions s'amoncellent dans ma tête, dans une sorte de Pêle-Mêle affreux, un brouhaha visuel, une laide synesthésie de sens, à mon image. Je devais partir, oui, je devais partir, je ne pouvais pas rester dans le cocon familial, l'aigle devait prendre son envol, je devais devenir le rapace, l'aigle, l'oiseau, je devais apprendre à voler de mes propres ailes. Et me voilà. Arn Bjorn, membre de l'Ordre. Je ne suis toujours pas devenu l'aigle que j'ai toujours voulu être. Je me suis perdu, non pas dans le vaste monde, non, j'ai appris à le dresser, ce monde matériel, j'ai appris à... grandir et à m'adapter, je ne suis plus si faible physiquement, non, loin de là. Je n'ai plus peur de personne, je suis un nouvel homme, je suis devenu moi, du moins, le moi qu'ils aiment voir, une figure assez sûre d'elle. Mais je ne suis pas un aigle. Non. Du rouge sur le sol. Le regard faible, les muscles aveugles, je tente de me lever. Je reconnais le bois de ma maison à Tidareir mais… que fait cette flaque rouge chez moi ? Ne lui a t’on pas appris à toquer, avant d’entrer chez les gens ? Tout tourne autour de moi, je ne sais plus comment parler et mes yeux se posent sur mon poignet. Déchiré, il me regarde, implorant, la pitié, implorant la miséricorde. Des traces de chocolat, et ma bouteille d’hypocras, encore remplie de son liquide des dieux, dont le rouge attire mes papilles, mes yeux et mes sens. Je place la goulot à mes lèvres et j’avale petit à petit le contenu avant de le vomir. Il n’est pas si amer normalement… Je fixe la main tenant la bouteille et remarque les entailles. La bouteille cassée a fait son travail et je fixe le vin sortir de mes veines, de mes doigts, de mes ongles. Un livre est ouvert, quelques cubes devant moi, un passage surligné et rempli d’annotation. Qui a posé ce livre ici ? “La rate déverse dans le corps humain un fluide - la bile noire - qui, produit en excès, déclenche la mélancolie, forme extrême de la dépression : Il faut évacuer ce fluide et donc évacuer les humeurs noires.” Des doigts fins passent dans ma chevelure et je me retourne pour voir un être de lumière, dont la lueur aveugle le Soleil lui même. Il me sourit… Plutôt… Elle me sourit ? Des traits noirs, ébènes, tracent une silhouette parfaite. Oui… c’est… une “Elle”. Elle pose sa main sur mes blessures et le simple toucher froid et pourtant si chaleureux soigne toute plaie. De sa voix enfantine, aiguë, elle transcende mes sens et vient me murmurer, approchant ses lèvres fines de mes oreilles : “Je n’en ai pas fini avec toi, tu ne peux pas te débarrasser de moi de la sorte.” Elle pose ses mains contre mon visage, un sourire sur son visage lumineux et dépose ses lèvres contre mon front et... disparaît. Je suis encore cet être faible, qui a besoin d'entourage, qui peut flancher au moindre faux pas, qui se perd et qui peut perdre foi en moins d'une minute. Mais il ne faut pas que je le montre. Non, je dois rester fort. Je reste dans l'ordre mais... Je ne sais pas ce que j'attendais, mais je l'attendais. Je ne sais pas d'où je tenais cette patience, mais je l'avais. Je ne comprenais pas pourquoi je le faisais, mais je le faisais. Un air de piano parcourt ma tête. Tête baissée, je vois une silhouette élancée, assise, devant un énorme instrument, mettant toute son âme dans sa création. L'artiste continue sa douce symphonie, et assis sur un long fauteuil en cuir, une deuxième silhouette, féminine, cheveux bruns, ou ébènes, suit la création. Sourire sur le visage, elle semblait si belle, si jeune, et si ... si... "amusée". La chevelure brune entourée par un diadème doré, et des yeux verts pétillants. Pourtant, quelque chose en elle ne semblait pas "naturel", son sourire avait l'air d'être tout sauf vrai, et sa longue tenue blanche, presque inexistante, avait quelque chose de, au contraire, sur-réel. Pourtant, la bienveillance semblait vivre en elle, tout comme l'amour, un amour naissant, mais pourtant éternel. L'homme jouant était imposant, non pas par son physique, mais par son charisme, il était possible de sentir une puissance émanant de lui. Mais pourtant, sa chevelure grise est assise devant le piano de mon père, sur le petit tabouret rebondi. Des yeux dorés brillants de bonheur accompagnait la mélodie, il était presque possible d'entendre son enthousiasme. Pourtant, contrairement au premier protagoniste, il avait l'air si "réel", ses émotions prenant le dessus. Tout d'un coup, l'air de piano accélère drastiquement, en crescendo, la musique se faisant de plus en plus forte, de plus en plus assourdissante, un cri retentit dans la salle. Le piano commence à... que se passe-t'il? Il coule? Un liquide rougeâtre pâteux commence à se former, jusqu'à la disparition du piano. Posté entre ces quatres murs sombres, dont le plafond obscur venait assombrir ce qu'il me restait de coeur, j'étais assis et j'attendais. Qu'est-ce que j'attendais ? Je ne sais pas. Je voulais le savoir. Peut être est-ce que j'attend la libération du joug de cette mélancolie existentielle me torturant, croquant mon intégrité, me pourrissant les entrailles. Peut être est-ce que je m'attendais, j'attendais ce déclic que l'on peut lire dans ces livres romantiques que l'on nous faisait lire, plus jeunes, nous faisant croire en ces concepts abstraits, hypocrites et faux que sont l'amour, le bonheur et le bien-être; ce déclic héroïque, invitant le lecteur à croire en sa place dans le vaste univers. Non, non, je veux y croire, ce n'est pas la volonté qui manque, c'est la foi. Pourquoi l'ai-je laissé partir ? Je vois encore dans ces pavés de pierre me servant d'abris son visage, ni rond, ni ovale, ses lèvres fines, son nez bien centré, ce cou fin qui ne demandait qu'à être embrassé et surtout, ces deux perles vertes lui servant d'yeux. Maintenant que j'analyse la salle, il n'y a pas d'autre source de lumière que les deux émeraudes que j'avais dessiné dans mon esprit. Ses cheveux... ? Je ne sais plus, chatain clair ? Peut être blond ? Mais je me rappelle de leur douceur, comme je me rappelle du contact de sa main. Vous vous rendez compte ? Elle m'a pris la main ! Pourquoi torturer cette pauvre âme en perdition qu'est la mienne ? N'aurait-elle pas pu... ne pas exister ? Je ne sais pas. Je me demande juste. Maintenant c'est trop tard. Elle n'avait pas spécialement de forme, mais je pouvais tracer le moindre détail de sa silhouette avec un crayon gras. Des fois, je me rend compte que je crie, de rage, de fureur et de tristesse, mais ça ne dure pas longtemps. Je ne retrouverais pas ces courts instants de bonheur, non, mais au moins, j'eu pu les vivre, c'est déjà ça, non ? J'ai été trahi, j'ai été oublié, mais il faut que je reste fort. Je ne dois plus rester dépendant des autres, je dois réussir à devenir un véritable rapace. J'ai peut être changé physiquement, mais... je ne suis pas un aigle. Je sais ce que je suis. Je suis Bjorn, le Corbeau. Un Corbeau, sans ailes, boîtant, mais plume noire deviendra pure, je prendrais mon envol, moi aussi, un jour.

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